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L'intégration de la photo-thérapie dans la Technique d'Activation de Conscience (TAC): une approche prometteuse dans la prise en soins

le 06/02/2024

La Clinique d’Yveline offre des soins variés en santé mentale, allant de l'hospitalisation complète généraliste à l'hospitalisation de jour axée sur l'addiction en associant la thérapie médicamenteuse et des approches psychothérapeutiques.

L’objectif général des soins est de permettre à l’individu de retrouver un fonctionnement satisfaisant, sur les plans physique, psychologique et social (y compris dynamisme, intégration professionnelle, bien-être psychologique, qualité des relations familiales et sociales, sexualité, autonomie…). Pour approcher ce but, il faut passer par des objectifs intermédiaires, variables selon le terrain antérieur de la souffrance psychique, le type et la sévérité de la pathologie ainsi que les conséquences biologiques, psychologiques et sociales.

Afin de mettre en œuvre les objectifs de soins et favoriser le rétablissement des patients, nous élaborons un programme de soins individualisé. Les patients, selon leur problématique, peuvent être accueillis par différentes catégories professionnelles, bénéficier de différents groupes thérapeutiques. Notre projet, ici, met en évidence les avantages et les résultats positifs obtenus grâce à l'association de la photothérapie et de la technique d'activation de conscience (TAC) dans la prise en charge de patients présentant un trouble post traumatique complexe fréquents dans la  file active de la Clinique d’Yveline.

La photothérapie est une méthode qui vise à réparer l'estime de soi et à accompagner les patients dans leur parcours de soins. Les applications de la photothérapie couvrent un large spectre, allant des personnes ayant vécu un traumatisme aux patients souffrant d'addictions ou de troubles du spectre autistique.

La photothérapie désigne l'utilisation technique de photographies dans un but thérapeutique. Nous devrions parler de techniques de photothérapie plutôt que de photothérapie, c’est-à-dire de techniques d’exploration de ce que les patients voient et ressentent au contact de photographies qu’ils prennent. Les photographies ne sont pas intéressantes en psychothérapie pour leur valeur artistique, mais parce qu'elles sont non verbales et en prise directe avec l’entièreté de la mémoire affective et corporelle des patients. Les yeux font partie du corps et marquer des temps d’arrêt dans les images avec les patients, favorise une transe sur image photographique. Cela permet d'approfondir un dialogue et une réflexion vivante sur leur histoire tout en précipitant un travail sur la mémoire et d’intégration de souvenirs, des émotions lors de séances de travail qui s’avèrent le plus souvent intenses et de stimuler le système d’apprentissage. En présentant ses photos, le patient explique ses décisions tel que le cadrage, la luminosité, le choix de son sujet ce qui lui permet de mettre en avant ses propres choix et ainsi développer la confiance en lui et faire émerger différentes émotions liées à la photo. Il s’agit également d’un reflet de son état psychique, verbalisable grâce à l’entretien.

           La photothérapie, utilisant des techniques de cadrage et d'expression artistique, s'est avérée bénéfique dans les troubles mélancoliques, les troubles du spectre autistique, les phobies et les psycho-traumatismes complexes. L'intérêt de cette approche réside dans sa capacité à passer d'une activité occupationnelle à une prise en charge psychothérapeutique sensorimotrice, offrant une méthode pragmatique et évaluable que les patients doivent pratiquer pour potentialiser leur thérapie. Cet apprentissage est utilisé par la TAC et permet une activation neurophysiologique visible à l’IRM  Fonctionnel.

La TAC, lui, est une thérapie d’orientation de l’attention et d’activation de la conscience. Il s’agit de la forme la plus moderne de l’hypnose, basée sur les découvertes les plus récentes en neurosciences, discipline neurologique étudiant la conscience, la mémoire, l’apprentissage et le changement notamment dans le stress post-traumatique. Cette approche cherche à activer le cortex cingulaire antérieur pour favoriser « une activation de la neurophysiologie ». Cette hypnose activante (à l’inverse de l’hypnoanalgésie) principalement basée sur deux focalisations (le corps » la proprioception » et l'apprentissage »  au mieux avec une  figure parentale  bien veillante  etc.. »), constitue la base du TAC indiqué  dans  les « hypoactivation   et blocages   de  toute sorte ( mélancolie, anhédonie,..  blocage).

Synchroniser ces deux techniques novatrices qui  se potentialisent, nous permet d'aider les patients atteints de pathologies complexes à dépasser «   le blocage » inhérent  à leur traumatisme psychique  nécessitant  des cognitions  opérantes  indispensables   à l’EMDR qui est plus  facilement  ciblé et  préparé donc plus  rapidement efficace . Ainsi, nous proposons aux patients une prise en charge en différent temps :

  • une première rencontre avec le psychiatre pour expliquer le processus et avoir l’accord du patient
  • une prise en charge avec notre infirmière photo thérapeute pour la prise de photos, une fois par semaine
  • Entre les séances de photo-thérapie, les patients seront revus par le psychiatre pour la mise en place de la technique d’activation de conscience.
  • Le nombre de séances n’est pas défini à l’avance car le médecin et l’infirmière photo-thérapeute s’adaptent au rythme de résolution du conflit psychique de la personne soignée

Nous avons vu une résolution plus rapide des problématiques chez les patients pris en charge. Cela permet au patient de réduire leur état de stupeur lié au traumatisme. Le TAC permet d’activer les mouvements psychiques lié à la résolution du traumatisme même dans le cas de TSA( dans  les deux  sens…, la photo-thérapie permet «  de créer  un subtrat  d’apprentissage  indispensable pour  le TAC ».

Dans notre étude, nous avons combiné les connaissances issues de la photothérapie et de la TAC pour développer une approche intégrée dans le cadre de l'apprentissage. Nous avons mené des séances expérimentales avec un groupe de participants volontaires, leur permettant de s’approprier ces approches avec « leur » contenu personnel.

Dès le premier trimestre, nous avons pu prendre en charge 7 patients avec cette approche spécifique photothérapie/TAC. Ceux-ci souffraient de pathologies différentes (cinq patients atteints d’un trouble dépressif sur des structures de personnalités fragiles mais ayant comme point commun d’avoir un traumatisme psychique, un patient atteint de trouble du spectre autistique, et un patient avec un trouble schizo-affectif).

Le premier patient pris en charge, est atteint d’un trouble du spectre autistique. Il avait déjà quelques notions de photographies. Il a pu bénéficier de trois séances avec l’infirmière photo thérapeute et des rendez-vous réguliers avec le psychiatre. Au fil des séances, le patient a pu s’affirmer dans ses choix photographiques, prenant conscience de ses choix et de ses envies. Nous avons remarqué beaucoup plus d’aisance dans sa façon d’être et de communiquer. Grace à cette prise de conscience et cet accompagnement, il a pu mettre en mot et se positionner sur des choix de vie. Il a pu  créer  sa propre  métaphore(  qui est ingrédient  d’activation)  et est assidu aux  AUTO-TAC régulier.

Ensuite, nous avons pris en charge trois patients présentant d’un trouble dépressif avec un traumatisme psychique; deux avaient comme symptôme une anhédonie, le troisième une agoraphobie et une phobie des transports. Au départ, la prise en charge a été individuelle sur 6 séances. Nous avons pu remarquer une évolution dans la prise de vue, passant de photos généralistes à des clichés plus complexes (précision des cadrages, jeu de netteté/flou). Cette modification marque le reflet du travail psychique à l’œuvre. Grace à la médiation de la photo-thérapie, la personne atteinte de phobies des transports et des phobies sociales, a pu se projeter sur un environnement extérieur aux soins. L’anxiété a pu céder grâce aux prise de vues. L’objet de l’angoisse étant prise en photo, cela lui a permis de prendre la distance nécessaire. Elle a pu expliquer que le fait prendre une photo lui permettait de voir son objectif et de pouvoir ensuite se focaliser sur celui-ci et non sur sa phobie. Cet outil thérapeutique a pu être investit même sans soignant. « Avec la photographie je mets mes phobies dans la boite (…) car je cadre et je réduis les choses ». Elle était alors capable de d’améliorer la perception de son environnement qui avant était phobogène. Les deux autres patients ont évolué autrement. Les prises de vues leur ont permis la distanciation nécessaire sur leur problématique avec la possibilité de faire des auto-métaphores. Ainsi, avec le cliché d’un chemin en photo, ils pu faire un parallèle entre cette image et la résolution du conflit psychique. A l’identique une photo de la nature en mouvement leur a évoqué un changement interne « ça change comme le langage ou comme mon état ». La dernière séance de photothérapie s’est faite en groupe. Chacun a pu évoquer son expérience, ses choix, l’apport de cette thérapie croisée avec le TAC, ancrant définitivement les apprentissages et le mieux-être psychique.

Le dernier patient pris en charge, souffre d’un trouble schizo affectif et est invalidé par ces symptômes négatifs. Avec cette approche, nous avons travaillé sur l’expression de ses envies permettant une évolution des habiletés sociales ainsi que de l’affirmation de soi. Ainsi, après 5 séances de photothérapie et avec la prise en charge en TAC, ce patient a pu exprimer ces désirs. Il était en capacité de contraster son discours comme ses photos.

Cette combinaison des approches TAC et photothérapies montrent, déjà, des résultats positifs sur l’évolution favorable de l’état psychique des personnes concernées. Pour l’ensemble des patients, l’utilisation de la photo-thérapie s’est révélée être un potentialiseur de soins, permettant d’aller plus vite et plus loin dans la résolution du conflit psychique. 

           Pour les patients atteints d’un traumatisme psychique, l’utilisation du TAC et de la photo-thérapie permet à la fois :

  • De l’ancrer dans le changement, le présent «   réglage de l’appareil. »
  • Métaphoriser le traumatisme grâce à la médiation de l’appareil photo
  • De travailler les habilités sociales
  • De lutter contre l’hypo activation : l’anhédonie et l’apragmatisme 

Cyrielle Bougault – Infirmière diplômée d’état, photographe professionnelle

Dr Donneau- Psychiatre spécialisé en EMDR pour le psychotraumatisme complexe de l’adulte, Formé au TAC par le CITAC

 

Pour la clinique d’Yveline

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